Critique complète de l'Ultrabook Lenovo ThinkPad X250

Lenovo modifiait déjà beaucoup le boîtier de son ThinkPad X240 par rapport à celui de ses prédécesseurs : de ce fait, peu de changements. Le design gris mat du X250 est quasiment identique à celui de son grand frère : seuls son poids (1,43 kg) et son épaisseur (20,3 mm) diffèrent à peine. Sur ces deux points, ses concurrents de chez Dell (1,5 kg, 19,4 mm) et HP (1,52 kg, 21 mm) affichent des mesures très similaires.

Lenovo a choisi du plastique renforcé par de la fibre de verre pour le châssis, et y intègre du magnésium sur le contour de l'écran, pour allier la solidité à la légèreté. Un effort qui paye : outre quelques petites zones, comme la partie autour du clavier, un peu trop flexibles, ce boîtier nous a laissé semblé très résistant.  Le X250 a également subi des tests selon des standards militaires, notamment des tests de résistance aux vibrations, à l'humidité, à la poussière, et aux changements de températures. Il est évident qu'un ordinateur portable ne devrait, en pratique, jamais se retrouver dans de telles situations, mais c'est un gage de plus apporté par Lenovo de la qualité de son produit.

Le capot de l'écran n'est pas aussi résistant que sa base, et se tord légèrement dès qu'on lui applique une pression moyenne. Ce n'est cependant pas un problème très grave : parfois, le fait d'être un peu flexible rend plus résistants certains boîtiers contre des dommages particuliers (le risque de fissure, par exemple). L'écran est maintenu fermement en position par de lourdes charnières de métal, qui permettent en outre une ouverture maximale à 180 degrés.

Pour résumer ce châssis en un mot, nous le décririons comme "fonctionnel" : durant sa conception, l'accent n'a pas été mis sur le design, mais sur son ergonomie.

Tant le Gigabit-LAN (Intel I218-LM) que le module sans-fil (Intel Dual Band Wireless-AC 7265) du X250 sont fournis par Intel, et comptent parmi les meilleurs produits du marché. Cette carte Wi-Fi a été présentée en même temps que Broadwell, et supporte tous les standards actuels, sur les fréquences 2,4 et 5 GHz, ainsi que le Bluetooth 4.0. Nos tests nous ont permis de mesurer d'excellents débits, aux alentours de 40 à 45 Mbit/s. Inutile, évidemment, de vous doter d'un routeur double flux 802.11 ac comme notre TP-Link Archer C7, pour obtenir de tels résultats, mais il vous faudra un environnement propice. Ses performances sont moins bonnes à plus longue distance, mais sa qualité de réception reste, dans l'ensemble, bien supérieure à la moyenne.

Nous commencerions presque à prendre l'habitude des webcams décevantes des ordinateurs portables : son capteur 0,3 MP prend des clichés pâles, sur lesquels le bruit numérique est très visible. Ce devrait être suffisant pour des chats vidéos, mais vous ne réussirez clairement pas à prendre de bonnes photos ou vidéos. En revanche, le réseau de microphones choisi par Lenovo est très bon, ce qui devrait vous éviter, sauf cas particuliers, d'avoir à vous procurer un périphérique externe.

Securité

Le X250 est un authentique ThinkPad : il est de ce fait équipé de nombreux fonctionnalités de sécurité, comme TPM, un lecteur SmartCard, un capteur d'empreinte digitale, et, selon le processeur choisi, est compatible vPro. Le BIOS et le disque dur peuvent être protégés par mot de passe, et cet ordinateur intègre également un anti-vol (la technologie Computrace), quoiqu'il faille pour l'utiliser payer ce service.

Accessoires

Nous avons l'habitude des constructeurs qui ne fournissent que peu d'accessoires avec leurs ordinateurs, mais nous ne pouvons que critiquer la décision de Lenovo de ne même pas intégrer dans la boîte un CD contenant les pilotes pour restauration, ou mieux encore, une clé USB de restauration, surtout au vu du prix de la machine. Mais tous les fichiers nécessaires se trouvent aisément sur le site du Support de Lenovo : l'installation d'un système d'exploitation (nous avons choisi Windows 7 Professionnel 64 bits) est simple et rapide.

Maintenance

Pour nettoyer le ventilateur, ou modifier des composants internes de cet ordinateur, vous devriez consulter le Manuel de Maintenance Matérielle fourni. Mais pour la faire courte : après avoir retiré 8 vis, il vous faudra retirer délicatement le cache de maintenance, également maintenue par quelques clips. Vous aurez alors accès à la batterie interne 24 Wh, au disque 2,5 pouces (son emplacement supporte des disques épais jusqu'à 9,5 millimètres), au module sans-fil et à l'unique barrette de RAM. Le slot M.2 libre est, à la base, conçu pour accueillir un modem WWAN (les antennes sont déjà installées), mais peut également être utilisé comme emplacement pour un second SSD.

Garantie

Lenovo dote sa machine d'une garantie de 36 mois : en payant un peu plus cher, vous pourrez étendre cette durée, ou bénéficier de services supplémentaires, comme la réparation sur site, ou la protection contre les dommages accidentels. L'offre exacte de services est disponible sur le site Internet du constructeur, avec leur prix. Pour y accéder, il vous faudra entrer votre numéro de série. Pour une extension de 5 ans, vous devrez débourser, pour notre machine de test, au moins 168 euros.

Avant d'acheter le X250, vous aurez le choix entre cinq différents types d'écrans 12,5 pouces. Le moins cher de tous est un écran TN, de résolution WXGA (200 cd/m², 300:1). Juste au-dessus, on trouve une dalle IPS de 1366x768 pixels (300 cd/m², 700:1), également disponible en version tactile (270 cd/m², 700:1). Les deux versions Full HD sont basées, elles aussi, sur la technologie IPS, et existent en version tactile (360 cd/m², 700:1) ou non-tactile (400 cd/m², 700:1).

Notre appareil de test est équipé de la dalle matte non-tactile, et a une résolution de 1920x1080 pixels pour 176 ppi. Nous avons mesuré une luminosité de 357 cd/m², soit moins qu'annoncé par Lenovo, ce qui n'empêche pas que l'écran soit tout de même bien trop lumineux en intérieur : il vous faudra l'assombrir, sachant qu'il peut descendre jusqu'à 4 cd/m² (pas de scintillement MLI). Malgré sa très mauvaise distribution de la lumière (seulement 81%), il affiche une image que nous avons trouvé subjectivement très équilibrée. A l'affichage d'un contenu totalement noir, vous ne constaterez aucune fuite de lumière.

La dalle IPS, conçue par LG, est d'autant plus de très bonne qualité que son niveau de contraste est de 902:1. Sa supériorité sur des dalles TN moins chères est sans conteste : l'image affichée paraît plus éclatante, et tant les noirs que les couleurs semblent plus riches. C'est un plus indéniable pour l'affichage de photos ou de vidéos, mais vous apprécierez également cet excellent écran en accomplissant vos tâches bureautiques quotidiennes. Mais Lenovo n'est pas le seul à doter son ordinateur d'un si bon écran.

La petite taille de l'écran du X250 fait qu'il n'est pas l'ordinateur idéal pour exécuter des logiciels comme Photoshop, ou autres, mais ce ThinkPad conviendra largement lorsqu'il s'agira de retoucher légèrement vos photos de vacances. Les couleurs (DeltaE 4,2) et l'échelle de gris (DeltaE 3,1) dévient assez peu de leur idéal de référence en sortie d'usine, et une calibration permettra d'améliorer encore ces résultats. Sa couverture limitée de l'espace de couleurs (42% AdobeRGB, 58,2% sRGB), notamment sur les bleu et les magenta, l'empêche malheureusement d'atteindre de plus hauts sommets.

Les dalles IPS ne se distinguent pas seulement de par leurs couleurs vives et leurs bons contrastes:  ils sont avant tout réputés pour la bien meilleure stabilité des angles de vue qu'ils offrent par rapport à d'autres technologies d'écran. Peu importe de quel côté vous regardez l'écran de ce ThinkPad : l'image affichée ne change quasiment pas, même dans des angles plats. Tout au plus note-t-on, depuis les angles inférieurs, une détérioration visible de la valeur de noir.

A l'heure actuelle, le Core i7-5600U est la puce la plus rapide à TDP de 15 Watts. Sa fréquence nominale de 2,6 GHz, élevée pour un processeur bicoeur, dépasse l'ancien modèle haut-de-gamme, le Core i7-4600U (Haswell), de 500 MHz, ce qui est plutôt remarquable. En revanche, il est intéressant de noter que son horloge Turbo maximale a été réduite de 100 MHz, à 3,2 GHz. La différence devrait être compensée par l'amélioration des performances par MHz apportée par l'architecture Broadwell. Nous avons rassemblé toutes les informations qui pourraient vous intéresser sur cette nouvelle génération de processeurs 14 nm dans notre base de données Processeurs, et dans un article spécifique, dédié à cette architecture.

Le module graphique intégré, qu'Intel a baptisé HD Graphics 5500, a également été retravaillé, et intègre désormais 24 Unités d'Exécution (HD 4400: 20 UE). Il tourne entre 300 et 950 MHz. C'est également la première fois qu'un GPU Intel supporte DirectX 11.2 (alors que plusieurs puces AMD et Nvidia le supportent déjà depuis un bon moment).

Lenovo n'a doté sa machine que d'un seul emplacement mémoire : ainsi, les 8 Go DDR3L-1600 de RAM pré-installés sont un maximum qu'on ne pourra dépasser. Cela signifie, en outre, malheureusement, que la mémoire ne fonctionne qu'en configuration monocanale, ce qui a un lourd impact sur les performances graphiques. Le périphérique de stockage choisi est un SSD 2,5 pouces, d'une capacité de 360 Go.

Le niveau de performances d'un processeur moderne se mesure principalement au regard de ses capacités en Turbo Boost, notamment pour les puces ULV. Un processeur ne pourrait maintenir la fréquence maximale spécifiée sur la durée que si sa consommation d'énergie et ses émissions de chaleur restent dans des limites acceptables. Notre Core i7-5600U peut monter respectivement jusqu'à 3,2 GHz et 3,1 GHz, selon qu'un coeur est utilisé, ou deux.

Dès le lancement du Cinebench R11.5 (multi-threading), nous pouvons voir la fréquence monter aux 3,1 GHz promis, mais après 30 secondes, l'horloge tombe à 2,8 GHz. Une raison à cela : malgré sa gravure en 14 nm, ce CPU consomme out de même près de 19,5 Watts en fréquence Turbo Boost maximale. Pour ne pas dépasser les 15 Watts, il ne peut que s'auto-limiter à 2,8 GHz. En revanche, le TDP n'est plus une limite lors de l'exécution d'un seul thread : nous avons mesuré qu'à 3,2 GHz, le processeur ne consomme que 11 Watts, et la fréquence reste donc stable, tant sur secteur que sur batterie.

Combinée à l'amélioration de sa micro-architecture, l'augmentation des fréquences du Core i7-5600U lui permettent de battre l'ancien Core i7-4600U de 5 à 20% selon les benchmarks. Demandez-vous tout de même si vous avez ou non vraiment besoin d'un processeur si haut-de-gamme : un Core i5, comme celui qui équipait le Dell Latitude 12 que nous avons récemment testé, est moins cher, et pas beaucoup plus lent.

L'Intel SSD Pro 2500 intégré à la machine de Lenovo, a une capacité de 360 Go. Mais ce n'est pas n'importe quel SSD : il a été pensé spécifiquement pour les professionnels. C'est pour cette raison qu'il est garanti cinq ans, mais pas que : ce disque support le standard TCG Opal 2.0, et est donc compatible avec la technologie eDrive de Microsoft, qui permet un cryptage matériel de vos fichiers.

Les performances de ce SSD, basé sur le contrôleur Sandforce SF-2281 et intégrant une puce MLC de Hynix (20 nm), nous ont un peu déçus. Si ses vitesses de transfert en lecture (458 Mo/s) et en écriture (258 Mo/s) sont dans la moyenne de ce qu'offrent les SSD actuels, il est en revanche loin derrière ses concurrents en écriture de fichiers 4K.

Comme tous ses concurrents, le ThinkPad n'est pas doté d'une carte graphique en plus du GPU intégré à son processeur. La comparaison entre la HD Graphics 4400 (X240) et la HD Graphics 5500 (X250) se solde par un avantage de 20 à 25% pour la première en termes de performance : ce GPU Broadwell en configuration mémoire monocanale surpasse donc légèrement son équivalent Haswell en interface double-canal. Il faut toutefois rappeler que les résultats des benchmarks 3DMark ne sont que peu influencés par la bande passante mémoire.

Les performances restent cependant plutôt faibles, et ne rivalisent clairement pas avec des cartes graphiques dédiées, même bas de gamme, comme la Nvidia GeForce 820M, par exemple. En revanche, la HD 5500 a des arguments en sa faveur, à commencer par sa faible consommation d'énergie, ou ses très bonnes capacités en multimédia. Elle peut lire des vidéos H.264 haute-résolution sans que solliciter le processeur trop intensément, et QuickSync lui permet de transcoder très rapidement.

Mais le véritable défi n'est pas de concevoir un ordinateur silencieux : les performances du système de refroidissement se mesurent au regard du développement de chaleur. Et celle du ThinkPad X250 est visiblement très performante : la plus grande partie de la surface de la machine n'atteint même pas les 30°C lors du test en stress. Seule la zone autour de la sortie du ventilateur, à gauche du clavier, chauffe nettement, à presque 44°C. Mais l'utilisateur ne le remarquera pas forcément, et cela ne le dérangera aucunement, même avec l'ordinateur sur les genoux.

Les performances du Core i7-5600U souffrent de son auto-limitation en charge système, qui survient malgré des températures au coeur qui, selon nos mesures, ne sont pas extrêmes (environ 80°c). Pour rester dans la limite de son TDP de 15 Watts, cette puce ajuste sa fréquence d'horloge à 1,6 GHz, tandis que le GPU peut tourner à 800 MHz. Ce comportement est typique des processeurs ULV, et ne peut donc pas être considéré comme un problème thermique de cet ordinateur spécifique.

Du fait du volume maximal peu élevé, du manque de basse et du caractère légèrement perçant du son émis, nous ne pouvons recommander les haut-parleurs stéréo intégrés pour regarder des films ou jouer à des jeux. L'emphase sur les aiguës est visible lorsqu'on regarde l'amplitude de réponse en fréquence, que nous avions mesurée pour son prédécesseur, le X240 : la courbe est significativement basse en-deçà des 250 Hz. Le pic enregistré aux abords des 12 kHz peut s'expliquer par la stridence extrême des aiguës. Même des haut-parleurs externes bas-de-gamme permettront d'améliorer très nettement la qualité sonore, et seront de toute façon nécessaires pour emplir une salle de taille moyenne ou plus.

Encore une fois, Lenovo se contente de n'apporter que de maigres changements à un de ses succès commerciaux : le ThinkPad X250 n'est ni plus ni moins qu'une prudente mise à jour du X240, lancé fin 2013.

Mais cette décision n'en est pas pour autant mauvaise : le boîtier très résistant, l'excellent clavier qui fait la renommée des ThinkPad depuis bien longtemps, ou encore les faibles nuisances sonores, nous avaient déjà largement convaincus par le passé. Pourquoi en changer ? Même constant pour son très bon écran Full HD, dont la haute résolution améliorera votre productivité. Dommage, cependant, que les configurations les moins chères soient dotées de dalles à résolutions WXGA, et parfois, d'écrans TN de mauvaise facture.

Un autre bon point qu'il marque : il est équipé d'un processeur Broadwell très performant, mais très efficient malgré tout, dont la gravure en 14 nm permet la réduction de sa consommation d'énergie. Les utilisateurs ThinkPad de longue date apprécieront également le retour d'un TrackPoint doté de ses propres boutons dédiés, bien que nous aurions préféré que Lenovo en fasse de même pour le touchpad. Là-dessus, ses rivaux de chez HP et Dell font mieux. Ils ont également l'avantage sur le dernier-né de Lenovo sur des choses comme son unique emplacement mémoire (contre deux pour ses concurrents), ou le moindre nombre de ports USB qu'il intègre.

Dans l'ensemble, c'est sur quelques détails que ce ThinkPad pêche et manque une excellente note. Du reste, cela ne l'empêche pas de s'imposer comme la référence en matière d'ultraportable, grâce à ses nombreuses qualités. Les étudiants et professeurs éligible au programme de Lenovo pour l'éducation auront même droit à d'assez importantes réductions à l'achat du ThinkPad X250, réductions qui vous permettront d'obtenir une machine solide au même prix que certains appareils grand-public : le jeu en vaut peut-être la chandelle.