Critique complète de l'Ultrabook Dell Latitude 14 E7450

A vous de voir si le boîtier noir mat vous paraît simple et élégant, ou terne et ennuyeux. Une chose en sûre, en tous les cas : il y a bien plus important que le design chez un ordinateur portable professionnel, à savoir, les qualités de son châssis. Et Dell a fait un plutôt bon travail, sur ce point, en concevant un châssis fait de magnésium et d'autres métaux. Le constructeur américain a même fait passer des tests correspondant aux standards militaires (MIL-STD-810G) à l'E7450, qui n'en est pas pour autant moins léger, avec ses 1,64 kilogrammes, soit mieux que ses rivaux de chez Lenovo (1,7 kg), et HP (1,78 kg). Ceci, ajouté à ses dimensions, font de cet appareil un très bon compagnon de voyage pour vos prochains déplacements professionnels.

Mais cette finesse n'apporte pas que des avantages : les utilisateurs les plus critiques pourraient reprocher à la base sa légère flexibilité, mais il n'y a pas de quoi exagérer non plus. Même en y appliquant une forte pression, il ne craque, ni ne cliquette : même dans cette gamme de prix, malheureusement, ce n'est pas toujours le cas de tous les ordinateurs. Louons également la stabilité de l'écran, supérieure à la moyenne, et notamment ses charnières très solides, qui nous avaient déjà fait bonne impression lors du test du Lenovo E7440, sur la base duquel a été pensé l'E7450.

A la différence des boîtiers dits unibody, le châssis du Latitude est composé de plusieurs pièces différentes, très bien assemblées par Dell : aucune irrégularité n'est à déplorer, ce qui fait de ce Latitude un exemple en matière de très haute qualité de fabrication. Nous avons également apprécié le toucher de cet Ultrabook et des ses surfaces lisses, quoique salissantes.

En même temps que les premiers processeurs Broadwell, Intel a également lancé un nouveau module WLAN, le Dual Band Wireless-AC 7265. Comme son prédécesseur, le Wireless-AC 7260, il supporte les standards Wi-Fi 4/b/g/n/ac sur les bandes de fréquence 2,4 et 5 GHz, et est compatible Bluetooth 4.0. Bien que les spécifications quant à ses performances n'aient pas changées (double flux 2x2, jusqu'à 876 Mbps), Intel promet tout de même de meilleurs débits, ainsi qu'une consommation d'énergie amoindrie. Nous avons voulu le vérifier.

Et les résultats sont plutôt bons : nous avons pu transférer des fichiers avec un routeur TP-Link Archer C7, à un débit impressionnant de 43 Mo/s. Il y a bien là une légère amélioration de ce à quoi nous a habitué la Wireless-AC 7260 lors de critiques précédentes. Ces vitesses ne sont possibles que dans de bonnes conditions (802.11ac, double flux, courte distance, aucun mur), mais les performances de ce module sans-fil restent excellentes à une plus grande distance. Il permet toujours une connexion stable et rapide. Pour 69 euros, vous pourrez également équiper votre machine d'un module WWAN (Qualcomm Gobi 4G/LTE), utile lorsque vous n'avez pas accès à un réseau Wi-Fi dans le secteur.

Malheureusement, la mauvaise qualité d'image de sa webcam, dont la résolution maximale n'a pas changé, à 0,9 mégapixels, nous était déjà connue : des couleurs délavées, un manque de détails et un bruit numérique très fort la rendent tout au plus utilisable en chat, sur Skype par exemple. Son réseau de microphone, en revanche, est excellente : la qualité de la voix nous a bien plus ravi.

Sécurité

Les professionnels qui cherchent un maximum de fonctionnalités de sécurité devraient choisir leur configuration du Latitude E7450 avec soin : certaines, nombreuses, comme le capteur d'empreintes digitales, le lecteur SmartCard, la puce NFC ou le support Computrace, ne sont pas intégrées d'office à toutes les configurations. Seule le Trusted Platform Module (TPM) les équipe toutes par défaut. Pour plus d'informations sur chacun de ces éléments, reportez-vous à notre FAQ.

Accessoires

Outre l'alimentation et quelques guides, une clé USB 8 Go accompagne le Latitude dans sa boîte, qui servira de disque de restauration au système d'exploitation Windows 8.1 Pro pré-installé. Les autres constructeurs ne fournissent, en général, qu'un DVD, qui ne pourra être lu que par un lecteur de disque optique externe : Dell marque des points en pensant à de petits détails comme celui-ci.

Les logiciels pré-installés sont utiles, et n'incluent aucune version d'essai de quoi que ce soit. Vous trouverez des outils proposés par le constructeur, principalement dédiés à la maintenance (création d'une image de restauration, gestion des réseaux sans-fil). Dell laisse à Windows Defender, le logiciel de Microsoft, la tâche de vous protéger des virus et malwares. Cette application, à la différence de nombreux logiciels tiers, consomme très peu de ressources, et reste très discrète.

Maintenance

Après avoir retiré la batterie, il vous suffira de retirer deux vis pour ôter l'énorme cache de maintenance de cet ordinateur. Vous avez alors accès aux deux slots RAM DDR3 (un occupé), à la baie pour disque dur 2,5 pouces (occupée), au module WLAN et à l'emplacement libre destiné à accueillir une carte WWAN (M.2). Dell a même pensé à intégrer les antennes nécessaires. Nettoyer le ventilateur est également un jeu d'enfant.

Garantie

A l'instar de Lenovo ou de HP, Dell propose une garantie trois ans pour ses ordinateurs professionnels haut-de-gamme, ce qui compense au moins un peu leur prix élevé. Vous pourrez, comme d'habitude, étendre cette couverture, moyennant finances : au maximum, vous pourrez bénéficier d'un support téléphonique jusqu'à 5 ans, si vous pouvez vous le payer (environ 280 euros).

Les caractéristiques techniques de cet écran sont très proches de celles de la dalle IPS du Lenovo T440s (AUO B140HAN). Sa bonne valeur de noir (0,3 cd/m²) lui permet d’offrir un excellent niveau de contraste de 933 :1 – les dalles TN tournent généralement entre 200 et 500 :1. L’utilisateur bénéficiera donc d’une image riche et vive, lui permettant d’utiliser le Latitude pour du multimédia.

En sortie d’usine, cet écran reproduit plutôt fidèlement les couleurs. Les couleurs et l’échelle de gris sont proches de leurs valeurs idéales de référence, présentant des déviations DeltaE d’environ 3,5. Notre calibration a permis de faire baisser ces résultats d’1,5 points (DeltaE couleurs : 2,1 ; échelle de gris : 1,8). Elle a également réglé la température des couleurs, un peu trop froides d’origine. Seuls les professionnels du graphisme ou les photographes seront gênés par sa couverture un peu limitée de l’espace de couleurs, quoique 81% au sRGB et 60% à l’AdobeRGB ne soient pas de si mauvais scores pour un ordinateur de ce type.

L'une des raisons de la popularité des écrans IPS est l'excellente qualité d'image qu'ils offrent, même lorsqu'on regarde l'écran de biais. La dalle AUO qui équipe notre appareil de test affiche une image presque dénuée de toute distorsion, et ce même dans un angle d'environ 45 degrés. Le contraste baissera, de même que la fidélité des couleurs, uniquement au-delà de ce niveau, notamment depuis des angles inférieurs. Contrairement aux dalles TN, de moindre qualité, vous n'aurez pas à ajuster l'angle d'ouverture de l'écran à chaque mouvement de tête, pour voir correctement le contenu qu'il affiche.

Nous nous étions déjà fait une impression sur la nouvelle architecture Broadwell Core-M, lorsqu'elle a été lancée, à l'automne dernier. Mais la gamme s'est étoffée, et intègre désormais des modèles LV (faible voltage) et ULV (voltage ultra-faible), pour des Ultrabooks plus efficients. Dell équipe son Latitude E7450 d'un Core i5-5300U, l'un des nombreux processeurs de la série. C'est une puissante puce bicoeur de haut de milieu de gamme, au TDP de 15 Watts. L'une des plus grandes différences entre lui et son prédécesseur est liée à sa fréquence d'horloge nominale, bien plus élevée, à 2,3 GHz. Ses limites Turbo, en revanche (2,7 GHz pour deux coeurs, 2,9 GHz pour un coeur) n'ont que peu augmentées.

Son module graphique intégré est tout nouveau, lui aussi : le Core i5-5300U est accompagné d'une HD Graphics 5500. Sa version milieu de gamme, dont est doté notre appareil de test, est appelé "GT2", et intègre 24 Unités d'Exécutions, cadencés à 300 - 900 MHz. En plus d'être bien plus rapide que l'ancienne HD Graphics 4400 (20 UEs), la HD 5500 apporte son petit lot de nouveautés, comme le support total de DirectX 11.2.

Notre configuration de test est également équipé d'une quantité assez généreuse de mémoire vive, à savoir 8 Go DDR3L-1600, mais sous la forme d'une seule barrette. Le contrôleur mémoire ne fonctionne donc qu'en canal simple, ce qui affecte significativement les performances 3D de cet ordinateur. Mais cela rend également plus facile l'ajout de mémoire, étant donné qu'un emplacement pour une barrette est vide. Nous trouvons qu'en termes de quantité, un SSD 128 Go n'est pas vraiment suffisant, mais il vous est possible d'opter pour une configuration intégrant un plus gros périphérique de stockage (actuellement, le maximum est de 256 Go).

Nous avons déjà mentionné le fait que les processeurs Broadwell n'ont pas de meilleures fréquences d'horloge que leurs équivalents Haswell, du moins en Turbo Boost. Mais la nouvelle génération présente deux avantages sur l'ancienne : d'une part, sa gravure en 14 nm a permis une réduction de sa consommation d'énergie, et son horloge n'est donc pas souvent limitée par son TDP. D'autre part, Intel a réussi à augmenter les performances par MHz d'encore 5% : une amélioration pas si forte, certes, mais très honorable au vu du niveau déjà atteint par son prédécesseur.

Comme nous nous y attendions, le Core i5-5300U parvient à conserver sa fréquence de 2,7 GHz, même en charge système continue sur les deux coeurs. Il obtient même de meilleurs résultats que les Core i7-4600U ou i7-4650U, aux benchmarks les plus longs. Selon l'ordinateur et le scénario testé, il fait 5 à 10% mieux que le Core i5-4300U. La puce Broadwell tourne à 2,9 GHz dans les benchmarks monothread, et se situe alors à peu près entre les puces Haswell Core i5 et Core i7.

Dell a décidé de ne pas limiter les fréquences d'horloge artificiellement sur batterie : vous pourrez utiliser toute la puissance de ce processeur en déplacement.

Le Latitude E7450 embarque un disque mSATA-SSD, placé dans la baie 2,5 pouces de cet ordinateur, dans un adaptateur. En aucun cas cela n'est un problème : les disques mSATA utilisent la même connexion SATA 6 Gb/s que les branchements SATA traditionnels, et les performances ne devraient donc pas se voir affectées par ce choix du constructeur.

Le SSD intégré, un Samsung PM851, vient confirmer nos propos : il offre d'excellentes performances en lecture (environ 467 Mo/s), et de très bon taux de transfert de petits fichiers. Mais nous avons été déçus de ses mauvaises performances en écriture séquentielle : il semble que ce SSD, le plus petit de tous les périphériques de stockage comparés ici, n'utilise pas tous les canaux du contrôleur flash, ce qui expliquerait son résultat, relativement mauvais. Mais l'écriture séquentielle en masse est plutôt rare, en pratique.

Malgré un système de refroidissement relativement faible, le Latitude ne chauffe pas excessivement. Seul un point de la surface du boîtier dépasse la barre des 40 degrés, après une heure de charge système maximale simulée à l'aide des logiciels Prime95 et FurMark, tandis que le reste du châssis n'excède pas la tiédeur. Vous n'aurez donc aucun problème si vous souhaitez utiliser le E7450 sur vos genoux, surtout que la grande grille au-dessous assure une arrivée d'air frais plus que suffisante en permanence.

Gravure en 14 nm ou pas, il n'empêche que le processeur Core i5-5300U est dans l'obligation de s'auto-brider en charge système maximale, pour ne pas dépasser son TDP maximal de 15 Watts. Lors de notre test en stress, son horloge est rapidement tombée à 1,5 GHz, tandis que son GPU tournait à 800 MHz, proche de sa fréquence maximale en Turbo Boost. Il semblerait qu'Intel (à l'instar d'AMD) privilégie, en charge système combinée, le module graphique, au détriment du processeur, plutôt que de laisser les deux composants tourner à mi-régime. Les températures du coeur du processeur sont, en revanche, irréprochables : même en simulant des charges système, nous n'avons pas pu lui faire dépasser les 70 ou 80°C.

Inutile de réinventer la roue à chaque fois : il suffit parfois d'améliorer un produit déjà bon par petites touches, régulièrement. On pourrait résumer ainsi la philosophie de Dell, qui a donc décidé de ne pas concevoir un appareil totalement nouveau, en pensant son Latitude E7450, mais plutôt d'améliorer quelques petits détails de son prédécesseur, le E7440.

La plupart des améliorations ne se remarquent qu'en comparant directement les deux machines. Le boîtier a été légèrement affiné, et est doté d'une batterie d'une capacité légèrement plus élevée, malgré un poids identique. Les nuisances sonores en charge système ont été réduites, et les performances graphiques, améliorées, grâce au passage à la nouvelle architecture Broadwell. Nous sommes habitués à ces périphériques d'entrée haute-qualité, et son très bon écran Full HD vient compléter ce tableau général, qui, selon nos critères, lui vaut une note finale de 88% : très bon résultat.

Les deux points de plus du ThinkPad T440s, qui intègre pourtant des composants plus anciens, se justifient par des détails, comme sa batterie 96 Wh disponible en option, ou ses nuisances sonores encore moindres. Mais c'est également là la preuve qu'en 2015, les processeurs Haswell ne sont toujours pas dépassés. A prix égal, évidemment, mieux vaut opter pour la machine la plus récente, mais de nombreux modèles plus fabriqués, comme le Latitude E7440, devraient voir leur prix baisser assez significativement dans les prochaines semaines. C'est justement l'une des critiques que nous avons à faire à l'E7450 : presque 1600 euros pour un ordinateur équipé d'un processeur Core i5 et d'un SSD 128 Go, voilà qui est plutôt élevé. Attendez-vous malgré tout à des prix comparables pour les ThinkPad T450s et EliteBook 840 G2, à venir, du fait du faible taux de change actuel de l'euro.